Du privilège d’être « psy » en maternité

Sylvie Séguret, Charlotte Dudkiewicz Sibony, Sylvain Missonnier, Catherine Dugué, Anne Bizot et Julianna Vamos nous font part de leur privilège d'être « psy » en maternité.

Les psys ont toujours été fascinés par les origines

Cette quête, cette libido sciendi, cette recherche du big-bang que représente l'acte sexuel originaire qui nous a fondés — scène primitive — nous en sommes au plus près en travaillant en Maternité, au Diagnostic Prénatal, dans la salle d'accouchement ou au lit de l'accouchée.

Le suivi des femmes enceintes, au cours d'entretiens dont la richesse est illustrative de cette ouverture psychique propre à la grossesse, l'écoute des fantasmes soulevés par l'échographie, l'amniocentèse, l'accompagnement des couples dont le fœtus est malade, avec les choix qui découleront de ce savoir récent sur la vie intra-utérine, les décisions d'interruption de grossesse, représentent autant de situations dans lesquelles le réel entre en intime résonance avec l'histoire de la femme, du couple, et du mandat transgénérationnel réactivé par la grossesse.

Le récit de l'accouchement, la violence physique et psychique que constitue la naissance, mais aussi l'immédiat remaniement dans les générations qu'il implique, indiquent déjà la place donnée au nouvel arrivant et le récit de son entrée au monde sera souvent illustrative de la place psychique qui lui était dévolue.

La mise en relation d'évènements bien antérieurs avec les sentiments éprouvés autour de la grossesse puis de la naissance nous ouvre des possibilités de compréhension, de réorganisation psychiques qui sont l'essence même de la prévention des troubles de la relation mère/bébé.

Les premiers accordages, souples ou plus rugueux, entre la mère et son bébé, nous fascinent dans ce qu'ils semblent illustrer d'une éventuelle pathologie de la relation mère/bébé. Et l'impact de la prévention précoce que constitue la prise en charge psy lors des premiers jours, nous séduit.

L'émotion ressentie lorsque l'on assiste à l'établissement des nouveaux liens tissés par la famille – père, mère, bébé, frères et sœurs éventuels – est vécue comme un don à ceux qui en sont les témoins, les psys comme les autres soignants. Le lieu même de la Maternité est parfois vécu comme une voie d’entrée de l'affection, comme en témoigne l'attachement des familles à telle ou telle Maternité.

Et en guise de résumé, je ferai appel au double chiasme, grammatical et sémantique, suivant : l'amour des origines rencontre dans la Maternité l'origine de l'amour.

Et le psy en fait son miel.

Nous avons donc demandé à des psys engagés dans ce travail de nous faire part de leur expérience, avec comme thème suggéré : « Du privilège d'être psy en Maternité ».

Et nous serions heureux de recevoir les témoignages des internautes psys en maternité… Merci de nous écrire !

© Photographie de Jacques-Yves Gucia.