La Cippa défend un point de vue psychanalytique qui préconise de conjuguer de manière coordonnée, et dès le plus jeune âge, les différentes approches (psychodynamiques, développementales, comportementales, pédagogiques…).
Nous considérons que le modèle le plus plausible quant à l’origine des TSA est un modèle poly-factoriel, incluant des facteurs biologiques, génétiques et environnementaux. Il en résulte la nécessité de pouvoir proposer des prises en charges multidimensionnelles (intégratives) où les spécificités de chaque approche sont connues, reconnues et envisagées en articulation les unes aux autres.
Les causes des autismes ne sont malheureusement pas encore connues précisément ; il faut donc renforcer les moyens de la recherche dans toutes les formes qu’elle peut prendre. La Cippa se positionne contre toute forme de dogmatisme qui nuirait aux avancées scientifiques. Il faut garder à l’esprit que le raisonnement scientifique repose avant tout sur le doute et la remise en question. Nous devons sortir de nos certitudes et de nos croyances pour partager avec l’ensemble des chercheurs nos observations cliniques, nos pistes et nos espoirs.
La Cippa est donc soucieuse de développer au maximum la réflexion à l’interface des éléments psychopathologiques, des données des neurosciences et de la génétique.
Imprégnés d’un esprit d’ouverture, les membres de la Cippa, au fait des avancées de la science, ne peuvent plus considérer la psychanalyse comme une action visant la ou les causes de l’autisme, mais comme un moyen irremplaçable pour atténuer la souffrance psychique des personnes avec autisme et desserrer l’étau de leurs mécanismes de défense qui compromettent le développement et/ou l’exploitation de leurs compétences cognitives.
S’il existe certainement des psychanalystes et des équipes qui proposent encore aux enfants autistes des cadres d’action dépassés, ceci ne peut être mis au compte de la psychanalyse dont les avancées s'entrecroisent avec celles des neurosciences. Elle ne peut être tenue responsable de dérives maltraitantes encore trop nombreuses mais auxquelles elle ne peut s’identifier.
Les membres de la Cippa ne peuvent en aucun cas se reconnaitre dans des propos visant à culpabiliser les parents et particulièrement la mère. Ces propos de moins en moins fréquents mais toujours trop nombreux, sont avant tout une caricature d’une approche qui accompagne au contraire les progrès de la science dans le domaine de l’autisme.
Cependant, la maltraitance dans la prise en charge des personnes autistes, et du handicap en général ne peut être niée. Les chiffres sont éloquents et effrayants. Mais, il importe par ailleurs de ne pas confondre les choses en matière de maltraitance : la maltraitance subie par certaines personnes autistes ne vient pas de la psychanalyse mais du manque de moyens globalement attribués à la prise en charge de l’autisme et plus généralement à celle du handicap et de la psychiatrie en France.
La Cippa, à l’image de la majorité des professionnels de formation psychanalytique, défend, au contraire des idées reçues, une insertion scolaire en milieu ordinaire ou, si nécessaire, spécialisée, puis une insertion dans la vie professionnelle lorsque cela est possible.
Cette insertion doit être un idéal régulateur de l’action des pouvoirs publics. Mais cela n’est pas possible pour tous les enfants, momentanément, ou de façon plus durable. Le secteur sanitaire avec ses institutions de première ligne comme les CMP, ainsi qu’avec ses institutions d’accueil à temps partiel comme les hôpitaux de jour et les CATTP, tient une place importante dans la prise en charge de l’autisme. Ces différentes institutions sont au cœur du dispositif de dépistage. Elles veillent à stabiliser les troubles du comportement chez les enfants, prennent en charge les troubles les plus graves allant parfois jusqu’à l’automutilation et accompagnent ces enfants sur le chemin de l’apprentissage et de l’autonomie.
C’est en ouvrant les portes aux apprentissages, tout en veillant parallèlement à diminuer les souffrances psychiques, que l’on favorise le respect des personnes autistes qui passe par la reconnaissance de leur personnalité, dans leur globalité, et de leurs difficultés spécifiques.
La Cippa cherche à sortir de l’opposition entre les méthodes et les institutions. Les secteurs sanitaire et médico-social ne doivent pas être opposés, ils sont avant tout complémentaires. Il faut au contraire multiplier les liens et passerelles entre ces acteurs pour améliorer la prise en charge de ces enfants et la continuité des parcours. Cette coordination doit fonctionner avec un troisième acteur essentiel, l’Éducation Nationale, le tout bien évidemment en concertation permanente avec les familles, sans lesquelles rien n’est possible.
Éviter les ruptures de parcours, c’est multiplier les chances de réussite des prises en charge et l’insertion en milieu ordinaire. La discontinuité est l’une des raisons essentielles de l’échec de la politique de l’autisme en France. La rigidité des structures administratives et le manque criant de moyens sont terribles pour le devenir de ces enfants. L’aspect critique pour tout individu, du passage de l’adolescence à l’âge adulte, est accentué par le manque de solution pour ces jeunes autistes.
La politique globale du handicap en France rencontre des difficultés dans le domaine de l’insertion et cela est encore plus édifiant dans le monde de l’autisme. Concernant les adultes, les places en ESAT spécialisés sont dramatiquement déficientes et la mentalité française vis-à-vis du handicap est un frein à l’insertion. Sans insertion, sans place dans une structure adaptée, il ne peut y avoir d’autonomie. Ces personnes se retrouvent à charge de familles qui sont dans le désarroi et l’impuissance. Les personnes autistes, à l’image de nombreuses personnes en situation de handicap, se retrouvent dans une détresse sociale profonde et choquante. Les tentatives de suicide sont nombreuses et l’espérance de vie d’une personne autiste est fortement diminuée sans qu’une cause médicale ne puisse être imputée.
C’est pourquoi la Cippa demande aux pouvoirs publics plutôt que de diviser les acteurs de l’autisme sur la question des approches, de se mobiliser sur la question essentielle des moyens pour permettre à ces personnes, des citoyens comme les autres, de vivre dignement. Une dignité qui passe par une plus grande autonomie et par une liberté retrouvée, celle de choisir sa vie, son destin mais aussi son traitement.
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