Scandaleux, provocateur, « dandy par hygiène », Charles Baudelaire essaie d’accorder sa vie et son œuvre à une seule conviction : la quête du Beau.
« À rebours de ses contemporains », « adepte de l’artifice, « dandy par hygiène, esthétique et éthique », scandaleux, provocateur, « imposant par sa stature autant que par sa conversation », déclassé et élu, Charles Baudelaire essaie d’accorder sa vie et son œuvre à une seule conviction : la quête du Beau. Une vie paradoxale et une œuvre essentielle auxquelles redonne vie Marie-Christine Natta dans sa biographie de l’auteur des Fleurs du mal parue en août dernier.
Un entretien exclusif avec Chantal Clouard, autour de l’enfance et l’adolescence de Baudelaire, Baudelaire traducteur d’Edgar Allan Poe, le dandy révolutionnaire de 1848 et la modernité en arts.
Enfant, Charles Baudelaire voulait être comédien. Cette fantaisie est très sérieuse : elle révèle toute l’importance que Baudelaire accorde à l’artifice, l’élément fondateur de son dandysme. Loin d’être une mode frivole ou juvénile, le dandysme représente pour lui une philosophie qu’il revendique et manifeste autant par sa vie que par son œuvre. Voilà, parmi d’autres thèmes, ce qu’apporte cette biographie novatrice de l’auteur des Fleurs du mal : bien des pans de la geste du poète romantique méritaient d’être à nouveau questionnés.
Nourrie de sources premières (les œuvres, la correspondance, les notes autobiographiques, les témoignages directs), Marie-Christine Natta ne se contente pas de réutiliser une matière déjà exploitée. Elle accorde une place nouvelle à l’entourage de Baudelaire et en particulier à son éditeur Poulet-Malassy. Elle montre la pluralité de son talent, celui du poète, du traducteur, du critique littéraire et du critique d’art. Elle n’oublie pas non plus – ce qui est moins connu – l’humour de Baudelaire. Ce faisant, elle met en évidence les contradictions déchirantes de celui qui n’est jamais bien là où il est, qui célèbre les vertus du travail et maudit sa fainéantise, qui rêve d’ordre et de luxe, mais mène une vie de « chien mouillé ». La plume ciselée de Marie-Christine Natta restitue magnifiquement cette existence dont le cours paradoxal a favorisé l’éclosion d’une œuvre à la fois singulière dans sa conception et universelle par sa portée.
Marie-Christine Natta est agrégée de lettres, spécialiste du XIXe siècle, auteur d’une thèse sur le dandysme chez Barbey d’Aurevilly. Elle est également l’auteur d’ouvrages, d’articles et d’éditions critiques sur le dandysme et la mode. Parmi ses publications, une biographie d’Eugène Delacroix (Tallandier, 2010) et un essai sur le dandysme, La Grandeur sans conviction (Éditions du Félin, 1991, Poche 2011).
Avec l’aimable autorisation de Nicolas Gras-Payen, directeur littéraire des Éditions Perrin pour les reproductions de la couverture et les extraits de l’ouvrage.
En complément de l’entretien que Marie-Christine Natta nous a accordé, nous publions ci-dessous,
avec sa complicité, un "Dossier Baudelaire" conprenant des extraits de la correspondance de Baudelaire (lettres à sa mère,
lettres à Fernand Desnoyers), de ses journaux intimes, de poèmes et de textes en prose, de ses
publications sur l’art, enfin une bibliographie de ses écrits et des principaux ouvrages critiques.
Marie-Christine Natta a reçu, à Nîmes le 26 janvier dernier lors du Festival de la Biographie, le prix de la Biographie 2018 du magazine Le Point.
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