Il ne s'agit pas ici d'une application de la psychanalyse à l'art, mais bien plutôt, comme l’écrit Georges Didi-Huberman d'une complication de la psychanalyse par l'art.
Comme l'inconscient, l'art ignore le temps. Nous sommes touchés au même lieu de notre sensibilité par les peintures rupestres de Lascaux, par les fresques de Giotto ou les graffes de la cité.
Nous respirons l'art comme l'air qui nous entoure, et nous entourons nos pensées d'images et de références artistiques.
« La psychanalyse n’a rien à appliquer à l’art, elle a plutôt à se compliquer de lui, à s’ouvrir au questionnement qu’il réaccentue sans relâche. »
(Georges Didi-Huberman, Gestes d’air et de pierre, Paris, Editions de Minuit, 2005, à propos du travail de Pierre Fédida)
Comme l’a souligné S. Freud lui-même, il n’y a pas de psychanalyse « appliquée » mais nous retiendrons, selon les termes de G. Rosolato, la proposition d’une psychanalyse - et pour notre propos, de certaines formulations théorico-cliniques propres à la psychologie et à la psychopathologie de l’enfant – « exploratrice dans la culture », aptes à « sonder, scruter » des œuvres artistiques.
(G. Rosolato, Pour une psychanalyse exploratrice dans la culture, Paris, PUF, 1993)
A travers la rencontre avec une œuvre d’art, un auteur ou un clinicien nous fait part de l’apport qu’a eu cette œuvre pour l’aider à penser une problématique.
Ce peut être une problématique en lien avec la périnatalité, le bébé, l'archaïque, mais le champ est ouvert.
Il ne s’agit pas d’être dans le Savoir, mais dans la rencontre entre une représentation portée, consciemment ou non par le créateur, et notre capacité à se formuler à une problématique.
Les connaissances sur le contexte d’une œuvre ou la biographie de l’artiste pourront parfois éclairer notre propos, mais en tentant d’éviter toute sur-interprétation. Notre objectif étant d’aller vers ce que le créateur nous donne à penser.
Bérengère Beauquier, Chantal Clouard et Sylvie Séguret