L'attachement, quelques jalons dans l'histoire d'une notion profondément importante.
Depuis les découvertes sur l’attachement au sortir de la seconde Guerre Mondiale et les travaux entrepris pour créer des outils de mesure, cette notion a été l’objet d’autres recherches et de discussions. Nous vous proposons ici de revenir sur les travaux de Serge Lebovici, Marie Salter Ainsworth, Marie Main, Konrad Lorenz, John Bowlby, Marie Ainsworth et Marie Main.
En guise d'ouverture, un extrait de « L’attachement mère-enfant» de Marie D. Salter Ainsworth.
« La théorie éthologico-évolutionniste de Bowlby (1969) implique qu'une part essentielle du tréfonds de l'espèce humaine, aussi bien que celui de plu sieurs autres espèces, c'est le processus d'attachement du petit à une figure maternelle. Cette figure n'est pas nécessairement la mère biologique : elle est la personne qui joue le rôle principal du « caregiver » (donneur de soins). Le tréfonds se construit en sa plénitude sauf circonstances exceptionnelles c'est- à-dire lorsque faute d'interaction suffisante, l'attachement ne se crée pas entre le bébé et la mère. La littérature sur la déprivation maternelle décrit quelques-unes de ces circonstances, mais elle ne peut être résumée ici, sauf pour noter que les recherches effectuées jusqu'à présent n'ont pas défini le niveau minimal d'interaction nécessaire à la formation de l'attachement.
Cependant, de récents et importants progrès dans le domaine des diffé rences individuelles ont montré comment le comportement d'attachement s'organise selon des patterns variés et quelle est la valeur de tels patterns pour la prévision du développement ultérieur. Ces progrès ont beaucoup aidé à la standardisation de la situation-laboratoire, comme un supplément de l'inves tigation naturalistique et longitudinale pour l'étude de l'attachement enfant- mère pendant la première année de la vie.
Cette situation étrange (strange situation), comme nous l'avons dési gnée, s'est montrée comme une base excellente pour l'évaluation de l'attache ment chez les bébés d'un an. (Ainsworth, Blehar, Waters, Wall, 1978)
La procédure consiste dans la classification des patterns de conduite observés en interaction expérimentale, notamment pendant les épisodes de réunion après séparation. Huit patterns ont été identifiés, mais je ne donnerai ici que les trois patterns principaux, désignés comme groupes A, B, C.
En bref, les bébés du groupe B se servent de leurs mères comme une base de sécurité à partir desquelles ils font de l'exploration pendant les épisodes de pré-séparation ; leur comportement d'attachement est intensifié fortement pendant les épisodes de séparation de sorte que l'exploration diminue et que la détresse risque d'apparaître ; pendant les périodes de réunion, ils sollici tent le contact, la proximité ou au moins une interaction quelconque avec leurs mères. Les bébés du groupe C ont tendance à manifester des signes d'anxiété même pendant les épisodes de pré-séparation ; la séparation provo que chez eux une intense détresse ; puis lors de la réunion ils sont ambiva lents, avec la mère : tout à la fois ils cherchent le contact et l'interaction, et ils y résistent. Les bébés du groupe A, en net contraste avec les autres, pleurent rarement pendant les épisodes de séparation, et pendant les épisodes de réunion, ils évitent la mère, avec des comportements mêlés de contact et d'éloi gnement ou bien ils l'ignorent totalement. »
Ainsworth M. D. S., L’attachement mère-enfant, « Enfance », 1983 n°1-2, 7-18.
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