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Les consultations de suivis de nourrissons nous ont fait prendre conscience, en fonction d’évaluations neuro-psychomotrices, à quel point certaines positions de couchage de l’enfant peuvent engendrer des effets délétères sur son développement psychomoteur [10, 12 ] indépendamment de la mort subite du nourrisson. Cette dernière a suscité des réformes successives de conseils de positionnement (ventral, latéro-dorsal, dorsal) du nouveau-né à terme. Cependant, pour des raisons médicales, sont plus ou moins préconisés certains positionnements appropriés aux enfants hospitalisés. Néanmoins, différents travaux attestent l’existence de patterns de mouvements anormaux induisant des retards dans les acquisitions développementales et dans les premières coordinations [10, 13-19 ].
Photos 6 à 9
Le suivi d’une cohorte d’enfants nouveau-nés à terme (à cerveau intact et examen neuropédiatrique normal à la naissance), élevés à l’époque en décubitus ventral [photo 6], nous a conduits à mettre en évidence [7-9] des anomalies posturales : rétraction des muscles trapèzes [photo 7]; tendance à l’opistothonos (hyperextension de l’axe) ; posture en chandelier des membres supérieurs [photo 8] ; rotation externe des membres inférieurs et déformations orthopédiques des pieds [photo 6]; au niveau des acquisitions motrices : faux contrôle de la tête; préhension tardive ; dans l’axe du corps: station assise tardive et par contre station debout précoce ; au niveau du comportement : enfants excitables et enfants qui ne tolèrent pas les changements de position et sont sujets aux régurgitations.
L’ensemble de ces anomalies pose à l’évaluation précoce la question de définir leur origine centrale ou posturale, et elles inquiètent parents et pédiatres [7, 12]. Ces résultats chez le nouveau-né à terme normal, nous ont encouragés à mettre en place un programme d’intervention précoce [8, 11] et à nous intéresser particulièrement au prématuré qui est un nouveau-né à risque de développer des anomalies neurologiques, auquel on impose une position de couchage avant le terme du fait de sa prématurité, ainsi qu’au bébé hospitalisé, longtemps alité pour des raisons médicales ou d’handicap [19-20].
Quelques travaux montrent l’intérêt de mettre en position de prévention posturale les membres inférieurs du nouveau-né prématuré [21-24].
Grenier [21] a particulièrement démontré les effets de la position dite “en grenouille écrasée” [photo 9] du prématuré à cerveau lésé, due à la présence d’une anté-torsion du fémur et de raccourcissements musculaires acquis en période de convalescence par rapprochement des insertions musculaires, notamment au niveau des muscles fléchisseurs et adducteurs des hanches, avec le risque d'entraver le devenir de marche de l’enfant à cerveau lésé (ciseaux du syndrome de Little, IMC).
C’est ainsi que Grenier a préconisé pour les prématurés, la position de fonction des membres inférieurs maintenus à l'aide d'un simple lange roulé sous les genoux (en position dorsale) ou sous le bassin (en position ventrale) [photo 10], afin que les hanches soient soutenues en flexion-abduction et rotation externe modérée, qui est la position spontanée adoptée par le nouveau-né à terme et bien portant. Ainsi, les genoux et le bassin ne doivent jamais se trouver alignés sur le même plan que le tronc, que le nouveau-né soit couché sur le dos ou sur le ventre. Il a pointé aussi au passage le raccourcissement des muscles postérieurs de la nuque (trapèzes) acquis par les attitudes maintenues d’hyperextension de la nuque du bébé, positionné sur le dos en période de réanimation néonatale.
Photo 10.
Nous avons donc été incités à utiliser les moyens du bord (lange roulé pour caler le bébé prématuré dans des changements de position : latérale, ventrale, ou dorsale) en respectant les consignes de Grenier [21] afin de maintenir les genoux devant le bassin. Mais ce calage ne maintenait pas efficacement et ne permettait pas non plus de contenir l’ensemble du corps de l’enfant, et d’éviter le raccourcissement des muscles trapèzes notamment. Le fait de surélever les genoux ou le bassin amplifiait au contraire la position en chandelier (membres supérieurs en appui, en flexion et rotation externe, l’hyperextension de la tête rapprochant l’occiput vers le dos) [photo 11] . De plus, le calage des membres inférieurs surélevés venait combler la perte induite par le proclive (inclinaison) imposé au matelas de la couveuse, rendant ainsi inefficace son action réelle.
Photo 11.
Nous avons donc mis au point un premier dispositif, un matelas modelable, le matelas Bondos ® [17, 25] adapté au confort du nouveau-né, prématuré [photo 12 et 13] ou à terme [photo 14] et à la prévention posturale de déformations musculaires et articulaires tout en proposant de varier les positions de couchage du bébé, qui est toujours maintenu de façon fonctionnelle (décubitus dorsal, latéral en alternance). Le matelas Bondos ® a un effet remarquable sur le plan de l’irritabilité de l’enfant, par le fait qu’il enveloppe l’enfant, qu’il le contient globalement, dans une posture centripète d’apaisement.
Une étude [19] portant sur une cohorte de nouveau-nés prématurés atteste l’intérêt de cette prévention posturale globale du corps, par le fait qu'elle minimise l’apparition de déformations secondaires acquises (musculaires et ostéo-articulaires) et, sans contrainte musculaire, avec déroulement des patterns de mouvements normaux, favorise l’émergence d’une motricité normale d’emblée ce qui permet aussi d’obtenir de meilleures conditions pour une évaluation neurologique [26] et neuro-psychomotrice objective [1, 20].
D’après les résultats de notre étude (hautement significatifs), il apparaît profitable de préconiser une prévention posturale physiologique globale du corps aux prématurés, d’autant plus que l’âge gestationnel des prématurés est actuellement très bas et introduit donc un haut risque de handicap.
Photos 12, 13, 14.
Le positionnement du nouveau-né dans les services de néonatologie a suscité en France depuis ces dernières années un grand intérêt de la part du personnel soignant et paramédical sensibilisé à la souffrance des enfants prématurés dans le cadre de leurs soins quotidiens, exprimée par leur état émotionnel : agitation du bébé, crispation du visage, difficultés de contact…etc. Cela a incité le personnel soignant à proposer à ces enfants davantage de contacts, à les envelopper ou les entourer par l’intermédiaire d’un "cocon maison" [photo 15] en utilisant les moyens du bord, langes roulés ou pliés [27-29].
Photo 15.
Les conséquences ont été notables sur le plan du comportement du prématuré, devenu moins agité, avec une meilleure interaction facilitant les soins sur un corps beaucoup plus détendu. Les efforts de chacun ont permis d’une part de personnaliser sa pratique du "cocon" et d’autre part de créer une meilleure cohésion au sein des équipes (médicale, soignante, paramédicale) dans la prise en charge globale de l’enfant. De plus, les parents ont totalement adhéré au projet de cette nouvelle installation, souhaitant même la poursuivre en rentrant chez eux.
Les travaux de recherche clinique que nous avons menés [7-9, 11, 19, 25, 27, 28, 29, 30, 35] ont pu conforter d’un point de vue développemental tout l’intérêt de mieux positionner le nouveau-né, qu’il soit né à terme ou prématuré.
Le "cocon maison" a donc été encouragé, non seulement pour satisfaire un aspect plus ou moins esthétique d’entourage réconfortant de l’enfant apportant des contacts réassurants sur son corps, mais plutôt en vue de favoriser un développement harmonieux et fonctionnel des fonctions psychomotrices du bébé.
Dans ce contexte d’intérêt général pour le positionnement du bébé, nous avons vu naître progressivement la mise en place des "cocons-maison" dans différents centres de néonatologie. Cependant n’étaient pas complètement satisfaisant sur le plan de la prévention posturale en fonction des attitudes défectueuses [photo 16] qui peuvent se fixer, et de sa non efficacité à différents points de vue, notamment l’abduction des hanches, le chandelier des membres supérieurs (abduction, rotation externe), les plagiocéphalies [29,35], sans parler de l’hétérogénéité de la mise en place du positionnement sur le même enfant ou chez d’autres enfants, au cours d’une journée, en fonction du matériel utilisé et de la personne qui réalise le cocon.
Photo 16.
Nous avons conçu des nouveaux dispositifs de maintien de posture pour bébé, du prématuré au nouveau-né à terme et nourrisson, sous le nom de « Coconou® » [31] (Cocouni® et Doulical®) , dispositifs brevetés entièrement adaptables en fonction de la croissance du bébé, avec trois particularités essentielles : sécurité, confort et prévention posturale [photo 17, 18, 19].
Photo 17
Le Cocouni ®pour en position dorsale prématuré.
Photo 18
Le Cocouni ® pour prématuré en position latérale.
Photo 19
Le Doulical ®.
Ces dispositifs se doivent aussi d’être pratiques, faciles d’utilisation, répondant aux normes d’hygiène et de sécurité hospitalière. Ils peuvent s’installer instantanément sur tout matelas de couveuse, berceau, lit (en position inclinée avec une ceinture simple ou proclive) [photo 20 et 21] .
Photo 20
Le Cocouni® avec une ceinture simple.
Photo 21
Le Cocouni® avec une ceinture proclive.
Ils protègent de la tête aux pieds le corps de l’enfant dans un environnement thermique, formant un “giron” sécurisant, limitant l’espace à ce que l’enfant peut voir ou toucher.
Les particularités de ces dispositifs sont les suivantes : munis de boudins flexibles et adaptables en fonction de la taille du bébé, ils épousent le corps, en le contenant sans l’immobiliser grâce à la forme donnée, conservent sa mise en forme jusqu’à toute autre modification par l’adulte ; de forme et consistance agréables, ils sont neutres à la peau et aérés.
Pourvus d’une partie centrale, appelée « entrejambe », de taille adaptée à l’écartement normal des hanches qui assurent une prévention orthopédique des axes articulaires au niveau des hanches et des pieds, et de forme adaptée qui permet de conserver les genoux vers l’avant et libres dans leurs mouvements. Une cale spécifique [photo 22] est utilisée conjointement pour bien maintenir la position de couchage en latéral.
Photo 22
Utilisation d'une cale spécifique.
Les dispositifs Cocouni® de la gamme Coconou® [31] sont utilisables en position dorsale ou latérale en retournant le dispositif [photo 17, 18, 23], avec une ceinture de sécurité en cas de proclive [photo 20, 21].
Photo 17
Photo 18
Photo 23
Le Cocouni ®pour nouveau-né tout-venant, couché en position dorsale.
De plus, un « oreiller postural », le Coussitête® (modèle déposé) [photo 24] spécifique dans la gamme "Coconou ® " est proposé pour maintenir parfaitement en position dorsale [photo 25], la tête dans l’axe du corps (avec une possibilité de rotation sur 45° de chaque côté), tout en réduisant les points de pression crâniens pour éviter l’installation de plagiocéphalies (aplatissement du crâne) qui freinent l’organisation oculomotrice et oculomanuelle et de plus l’oreiller postural, assure une relaxation des muscles du cou et des épaules vers l’avant, facilitant les activités d’explorations visuelles et visuo-manuelles.
Photo 24. Le coussitête.
Photo 25. Le coussitête facilite les activités d'exploration visuelles et visuo-manuelles.
Photo 19
Ainsi, les dispositifs de la gamme Coconou® [31] facilitent et favorisent une posture de couchage correctement maintenue pour tout bébé longuement alité ou handicapé dans le but d’encourager un développement optimal des différents fonctions cérébrales (tonique, sensorielle, motrice, cognitive et affective). Un modèle simple, le Doulical ® [photo 19], a été aussi conçu pour le calage en position latérale de sommeil du nouveau-né à terme tout-venant sachant que la position latérale de flexion est naturelle chez le nouveau-né lui permettant une continuité avec sa position fœtale.
En fonction de la vulnérabilité des bébés à pérenniser des mauvaises attitudes qui peuvent être déjà acquises in utéro, il est souhaitable, au moins sous surveillance dans la journée, d’offrir au bébé des positions de sommeil variées (dos et côté). Cependant, en accord avec des dispositions relatives à la prévention de la mort subite du nourrisson, il est conseillé d’assurer la sécurité de son maintien à l’aide d’un cale-bébé adapté ou de tout autre dispositif adapté. Les dispositifs uniques de la gamme Coconou ® permettent de maintenir le bébé sur le dos et sur le côté avec une stabilité et une sécurité optimales, entièrement modulables en fonction de la croissance du bébé.
Il permet de lutter contre la douleur, le stress et les déformations posturales orthopédiques
Photo 26. Le coussitête
...neurologique et neuropsychomotrice objective (entre anomalie d’origine centrale ou périphérique), en ne contraignant pas le corps dans des attitudes vicieuses.
L’aide apportée par des dispositifs vise à contenir cette position, favorise son maintien tout en laissant un libre jeu articulaire d’expression sensori-motrice du corps. Une expérience des limites du corps est fournie par le contact sur les parois du support, base sécurisante jouant un rôle de feedback sensoriel dans la prise de conscience de l’espace du corps et de l’espace proche, nécessaire à l’organisation temporo-spatiale du mouvement.
Autour de la gamme Coconou®:
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