Une lettre écrite post mortem par Sylvie Séguret.
Michel Soulé m'a toujours impressionnée. Et séduite aussi.
Lorsqu'il participait au groupe de réflexion sur le diagnostic prénatal que nous animions avec Didier David à Saint Vincent de Paul de 1990 à 2000, Michel Soulé nous conduisait à la rencontre du fœtus, celui à naitre bien sûr, mais aussi celui que nous avions été et que portions en nous.
Il nous a initiés à la psychiatrie fœtale. En toutes choses, il fut un précurseur, un penseur original.
Il ponctuait toujours son discours de plaisanteries dont la finesse nous dévoilait quelque chose de notre inconscient. Il nous faisait rire de ce rire intelligent et libérateur qui dénoue les conflits, externes ou internes.
Derrière la légèreté de son rire, il y avait toujours le poids de sa réflexion.
Michel Soulé faisait de sa vie une œuvre et il nous entrainait dans des farandoles déguisées au son d'une musique baroque dans des décors parfaitement esthétiques. Il ne concevait les congrès que dans des lieux chargés de culture et de beauté.
Jusqu'à ses derniers jours, il est resté lui-même , recevant comme un roi dans son lit d'hôpital, gratifiant ses visiteurs d'un nouveau texte brillant à partir d'une relecture d' Oedipe à Colone, puis nous invitant à le suivre dans la petite brasserie où il avait ses habitudes, nous régalant d' anecdotes et d' un bon chianti. Et revenant à temps pour les soins du soir.
Dans le service hospitalier qui l'accueillait comme 'patient', il régnait encore.
Il va nous manquer, beaucoup.
Sylvie Séguret
31 janvier 2012
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