Lettre ouverte aux parents d’enfants d’adolescents et d’adultes autistes, à leurs professionnels éducateurs pédagogues et soignants pour la défense des soins psychiques.
Une polémique visant à interdire la technique du packing avec les enfants autistes vient de prendre un nouveau tour à l’occasion de la journée mondiale pour l’autisme.
Avant d’expliquer simplement cette technique utilisée dans certains cas très précis, je rappelle que beaucoup d’équipes de pédopsychiatrie qui prennent en charge des enfants autistes, travaillent désormais dans une « perspective intégrative », conjuguant sous l’égide des parents, un développement des aides éducatives pour tous les enfants qui en ont besoin, une approche pédagogique à chaque fois que c’est possible et un soutien thérapeutique quand c’est nécessaire. Cette approche plurielle nécessite de se concerter avec les partenaires autour de l’enfant de façon à lui apporter au plus près de ses besoins définis lors du bilan, du diagnostic et des indications de prises en charge, les différentes aides nécessaires. Le rôle de l’équipe de pédopsychiatrie consiste donc à proposer les soins dont chaque enfant a besoin en fonction de son histoire pathologique, de ses symptômes actuels et d’autres éléments qui sont déterminés par les ressources existant autour de l’enfant et de sa famille.
Mais certains enfants présentent des symptômes très préoccupants tels que les très graves automutilations, une violence auto-ou hétéro-agressive mettant en péril la vie familiale, la poursuite de leurs soins et de leur intégration scolaire et finalement leur développement. Dans ces rares cas, ils peuvent recevoir des soins spécifiques tels que le packing ou enveloppements humides, ou des médicaments psychotropes et tout ce qui peut diminuer voire supprimer la violence des symptômes en question, et qui constituent autant de moyens utilisés par les équipes soignantes et éducatives pour ces enfants.
Dans le grand ensemble de ces multiples approches, le packing est une technique de soin qui appartient au groupe des techniques d’enveloppement requises pour rassembler le corps d’un enfant qui manque de contenance du fait de sa pathologie. Elle consiste à envelopper doucement un enfant qui garde ses sous vêtements, dans des serviettes trempées dans l’eau à la température du robinet (autour de dix degrés) jusqu’au cou, puis dans un drap sec, puis dans un tissu imperméable qui facilitera un réchauffement rapide et dans des couvertures. L’enveloppement dure environ une minute et en quelques minutes (deux à cinq), le corps de l’enfant se réchauffe très rapidement produisant chez lui une détente musculaire importante, le surgissement de sourires et éventuellement de sons (et de paroles quand il a accès au langage) et d’échanges par le regard. La séance dure entre quarante cinq et soixante minutes et se termine par le « désenveloppement » de l’enfant, son rhabillage et le partage d’une collation avec les soignants qui sont restés avec lui pendant la séance. En fonction de la pathologie de l’enfant, l’équipe peut lui prodiguer plusieurs séances par semaine quand l’effectif des soignants le permet. Ces traitements peuvent durer plusieurs semaines ou mois en fonction de l’évolution clinique. Les résultats sont généralement satisfaisants lorsque les indications sont bien posées.
Dans tous les cas, les parents donnent leur accord à cette prise en charge pour laquelle ils sont informés loyalement des effets attendus et de la technique utilisée.
Nous voyons désormais un grand nombre de professionnels participant à des équipes d’établissements du médicosocial venir nous demander d’apprendre la technique pour en faire bénéficier les enfants et les adolescents qu’ils accueillent. Quand c’est possible, la prise en charge par packing commence en milieu hospitalier et se poursuit dans l’établissement médicosocial avec des réunions de supervision communes aux équipes thérapeutiques et médicosociales dans le cadre d’une pratique de psychiatrie de secteur. La pratique de cette technique permet de ne pas utiliser les médicaments psychotropes de façon excessive et facilite la restauration des échanges entre l’enfant et ceux qui le prennent en charge, et donc avec ses parents et sa fratrie.
Cette technique est pratiquée par de nombreuses équipes, et depuis plus de dix ans, j’ai demandé d’en évaluer les effets thérapeutiques en référence aux critères habituellement reconnus en médecine et en psychiatrie sous la forme d’un Programme Hospitalier de Recherche Clinique.
Ce Programme Hospitalier de Recherche Clinique National (investigateur principal Dr Goeb) a été obtenu en 2007, suivi d’un avis favorable du Comité de Protection des Personnes du CHRU de Lille ( à l’unanimité et à bulletin secret) fin 2008.
Nous venons donc de rassembler tous les éléments qui nous permettent de lancer cette recherche pour tenter de démontrer les effets de cette méthode et en évaluer l’efficacité.
Je rappelle qu’une telle évaluation ne peut être entreprise que si la technique est réalisée en fonction de critères éthiques admis par la communauté scientifique médicale. Ce qui est le cas pour notre recherche.
Cher internaute,
Nous espérons que vous trouverez dans notre site des éléments d’information, des pistes de réflexion et des axes de recherche dans le champ de la pédopsychiatrie.
En revanche, nous étudierons avec plaisir les propositions de publications en ligne de vos propres recherches ou d'annonces de journées de travail dans notre domaine d’intérêt.
Une seule adresse pour nous contacter : webmaster@psynem.org.
L’équipe de Psynem